JUILLET 1593.                                  4*-»7
vigoureuse résistance : avec ces circonstances qu'elle avoit été ravagée et demi - brûlée; que les pauvres habitans, trop foibles pour soutenir l'assaut, s'étant relirez vers le château, la garnison n'avoit pas voulu leur ouvrir la porte, et s'étoient jettez dans les fossez dudit château, où ils ont resté quelques jours sans pain, sans vin, sans aucune nourriture, exposez à l'ardeur du soleil ; d'où ne pouvant sortir, étant repoussez par ceux de leur parti et par les ennemis, ils ont presque tous peri à la vûe des uns et des autres. Ceux qui étoient dans la Tour grise ont été enlevez, brisez ou ensevelis par l'effort d'une mine qui a fendu ladite tour depuis le bas jusques en haut; une partie de ceux qui étoient restez en vie, après l'effet dc la mine, sur les restes des voutes et des murailles, ont été tuez par les assiegeans à coups d'arquebusade, excepté un petit nombre que le Roy par compassion a envoyé prendre, après avoir défendu à ses soldats de tirer : ausquels il a fait donner à chacun un écu, avec la liberté de se retirer où bon leur sembleroit. Le Roy, qui a été à ce siege avec madame sa sœur et plusieurs autres dames, a eu auprès de lui plusieurs de sa suite tuez par ceux du château, quoiqu'il leur eût accordé une treve.
La prise de cette ville fit grandement murmurer les ligueux zelez; et disent hautement que Ie duc de Mayenne et le duc de Feria sont la cause de cette grande perte : comme aussi ceux-cy s'enchargent réci­proquement, par des vifs et mutuels reproches (0, de
) Fifs et mutuels reproches : Le duc de Feria reprochent an dae de Mayenne d'avoir laissé prendre la ville de Dreux afin d'intimider les Etats, et de les porter à faire la trève. Le duc de Mayenne au con-
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